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CORPUS CHRISTINE, par Max Monnehay

Le Côté Face d'Une Idyllique Illusion

" Collez-moi le canon d’un magnum sur la tempe, je tremblerais moins. Enfermez-moi dans la chambre froide d’une morgue et laissez-moi vous dire que c’est du gâteau. Ce que je vis devait peser dans les cent vingt kilos et transpirait à grosses gouttes une eau malodorante. Ce que je vis était énorme. C’était ma femme ".

On ne peut pas le nier, Max Monnehay sait inévitablement comment attirer l’œil voyeur du lecteur, et ce n’est certainement pas pour me déplaire! Des préliminaires bien senties : un climat comprimé, oppressant, de mal être obsédant sur fond d’ironie … Je n’ai pu m’empêcher d’esquisser un sourire à la lecture de cette odieuse description de l’âme sœur.

Qui es-tu plume inquisitrice?

Max Monnehay est un pseudonyme qui cache une jeune fille de 32 ans plus que charmante à la plume trempée. Après des études de lettres, Max Monnehay entre au cours Florent. Elle le quitte rapidement pour se consacrer à la littérature. En 2006, à l’âge de 25 ans, elle publie son premier roman, "Corpus Christine", chez Albin Michel, pour lequel on la compare déjà à Amélie Nothomb et qui lui vaudra le Prix du Premier Roman.


Voilà, c’est à ce moment exact que mon choix s’est concrétisé et matérialisé par une transaction bancaire. Je n’oserais enlever l’attraction de la présentation (romantique de volupté) et du synopsis il est évident, à notre jeune auteure, mais la critique abondante venant placer ce prix littéraire sous la coupe de Nothomb m’a alertée. Non que je ne reconnaisse pas une certaine aisance d’écriture à notre Belge, japonaise de cœur, mais je ne me suis jamais sentie transpercée par ses encres, et me perd dans un style moyennement élaboré. Je dois reconnaître, en toute impartialité, que la lecture des premières lignes m’a davantage ramenée à La Métamorphose de Kafka plutôt qu’à une Métaphysique des Tubes… à cet état de cancrelat, obligé par sa nouvelle condition profondément réductrice, abattu psychologiquement par sa propre diminution quotidienne, en état d’urgence, de survie permanent.

Un Goût Délicieux de Jeu Interdit

Une intrigue sur fond de farce ? Une intrigue, qui plus est qui se veut désirée et ne se livre qu’au compte gouttes. Un procédé souvent utilisé pour semer le trouble et perpétuer l’envie chez l'interlocuteur.


Plus qu’un modèle de journal intime, on se sent ici pris par des mémoires … les derniers instants d’un malade en soins palliatifs, d’où l’émergence d’une poussée incontrôlable de voyeurisme malsaine, mais sans cesse entretenue …

Un Goût de reviens-y !

Un dénouement bien sûr que je ne pourrais me permettre de révéler sous peine d’enlever tout l’intérêt de ce genre de littérature… alors quelques sensations parsemées.

Un Homme, Notre homme, simple cobaye ou victime d’une chamade trop violente, pris au piège de ses satanés aléas cardiaques, nous confie sa détresse, son impuissance face à Elle, face à Celle qui aurait pu faire de lui le roi du monde, mais qui n’a pas respecté les règles du jeu…

Toujours en toile de fond, ce progressif isolement social, la Bougresse rusée de surcroît, referme lentement et assurément son étau sur cet être, qui jadis lui inspirait tant de passion, avec une aversion totale et ce, de manière méthodique, en commençant, dans la plus grande intelligence, par le priver de tout moyen de communication avec l’Extérieur. Un emprisonnement glauque et des plus sadiques, menée sous l’égide d’une illusionniste au talent admirable, perfide et puante d’hypocrisie.

Un climat austère emprunt d'ironie, quasi pathétique voire complètement burlesque à certains égards, où se mêlent rage et désir. En effet, une étrange excitation persiste. Fut-ce un mensonge, cette histoire charnelle et passionnelle laisse des marques … et bien que notre « otage rachitique » se plairait fortement à déglutir sa haine à la figure de son bourreau au regard azur, son périnée ne s’en plait pas moins à hocher de la « tête » à la vision de ses sillons.

Verdict : Un paquet de nœuds à démêler sans modération !

Un style franc du collier, à la limite du répétitif, de l’insistant, mais comme il faut. On reste en haleine, toujours à la quête du pourquoi du comment de cette situation invraisemblable, des moyens que sa "chateresse" a pu mettre en œuvre, a pu sublimer pour avoir la main mise sur son existence et la réduire à néant, à une soumission presque idiote.

Note : 4/5

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