DES NŒUDS D'ACIER, par Sandrine Collette
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La Cabane au Fond du Jardin
Si mes bouquinesqueries ne sont, de manière générale, pas dictées et guidées par quelque récompense notable, aujourd’hui, nous mettons le cap sur le Grand Prix de Littérature Policière 2013.
(Côté maquettage, petit clin d’œil pour cette initiative à l'éditeur qui nous offre en édition limitée, une illustration très soignée et travaillée, contrairement à ce que se veut l’esprit même du livre de poche d’ordinaire).
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C'est Arrivé Près de Chez Vous ...
Avril 2001. Dans la cave d'une ferme miteuse, au ceux d'une vallée isolée couverte d'une forêt dense, un homme est enchaîné. Théo, quarante ans, a été capturé par deux frères, deux vieillards qui ont fait de lui leur esclave.
Une histoire vraie ? Le livre se présente comme un travail de reconstitution, ensemble de notes compilées et romancées du condamné. Si, en réalité, le cœur de l'ouvrage relève bien de la fiction, il fait écho à de nombreuses affaires similaires et à la cruauté humaine, si l'on peut encore parler d'humanité à ce stade.
Un détachement s’opère d’entrée de jeu puisque notre héros ne vaut pas beaucoup mieux, éthiquement parlant que ses cerbères. En effet, sans aller jusqu'à parler de morale, Théo Béranger se trouve dans la position délicate de l'arroseur arrosé, un prédateur, tout juste sorti de prison pour avoir torturé son frère (je vous laisse en découvrir les motifs), aux prises, à son tour, avec deux infâmes et tous aussi surprenants bourreaux.
L'horreur n'épargne personne.
Ma Dignité, Longtemps J'ai Voulu Te Garder
L’ouvrage se découpe en plusieurs parties correspondant chacune à une étape différente dans la progression de la déshumanisation du personnage principal.
On passe de l’indignation à la colère, de la colère à la machination, de la machination à la résignation, de la résignation à la soumission voire même parfois à la domestication la plus absolue (l’auteur fait à cet égard un bon usage du champ lexical canin).
Le style est très intelligible et abordable, presque économique mais toujours percutant. On ne s’incommode pas de futilités et de détails, Sandrine COLLETTE nous emmène directement à l’essentiel ; ce qui pourrait paraître fort regrettable mais qui s’avère nécessaire dans pareil contexte pour garder le lecteur en haleine.
On côtoie l’abject, les immondices avec une normalité déconcertante.
L’irrationnel, l’impensable finit par devenir le pain quotidien et ordinaire, ce qui à mon sens est le véritable berceau de l’horreur dans cet ouvrage, ce qui fait en somme figure d’abdication irrévocable. Le spectateur démuni ne peut s’empêcher de se révolter contre le héros qui se répand docilement dans un esclavagisme éhonté ; qui, à bout de force et de cervelle, se perd dans la tourmente du syndrome de Stockholm et se surprend même à quémander la reconnaissance de ses « maîtres » entraînant dans son renoncement pathétique, dans cette chute sans précédent, le peu d’humanité à laquelle il se raccrochait. Un thème plutôt classique du genre et souvent abordé lorsque l’on traite des affaires de séquestration, en général.
La plume de l’auteure charrie les confins de la folie. Si l’on ne s’attend évidemment pas à un dénouement très heureux et surprenant, Sandrine COLLETTE sait cependant garder le lecteur happé en déplaçant habilement le curseur de notre attention. En effet, l’intrigue est menée de telle façon à ce qu’il ne soit plus fait grand cas du devenir du personnage qui, il faut bien l’admettre, nous parait perdu d’avance, mais plutôt qu’il soit fait une étude minutieuse de la fragilité de la condition humaine.
Plus qu’un roman, une véritable fresque sociologique voire même philosophique, à ne pas mettre entre toutes les mains. Étrangement et contrairement à toute attente, au lieu de me miner, ce livre m’a insufflé, dès les premières pages, une terrible soif de vivre et une nouvelle prudence pour mes excursions pédestres à venir.
Note : 4/5
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