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LA MÉNAGERIE DE VERSAILLES, par Frédéric Richaud

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Les "Pérruqués" Sortent Les Crocs !

Exit les policiers palpitants, les thrillers frémissants, l'heure est à l'ouverture et à l'audace. Une couverture intéressante certes mais loin de m'emballer au point d'arrêter mon regard plus de trente secondes. Non que les œuvres ayant un lien direct avec nos chers Rois de France n'évoquent en moi que mépris et bouderies, mais elles n'avaient jamais suscité en moi un intérêt démesuré. Le petit plus qui me fit céder fût dans un premier temps le titre, La Ménagerie de Versailles, puis à la lecture du résumé, une envie de me délasser en me « tapant » une bonne petite fable ; genre qui ne prédominait certainement pas alors dans mes rayons feuilletés chéris.


StartFragmentFred' Le FabulateurEndFragment

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Depuis que Louis XIV a fait construire une ménagerie non loin du château de Versailles, le marquis de Dunan ne dort plus. Et s'il fournissait au Roi une bête féroce, aux côtés des pélicans et des autruches qu'admirent déjà les courtisans ? Sa gloire et sa fortune seraient faites… Mais Dunan court en vain les foires du royaume : les spécimens intéressants sont rares. Il en faudrait plus pour décourager notre homme, qui se lance alors dans une folle aventure où les fauves ne sont pas toujours ceux qu'on croit…


Une entrée en matière attractive, je n'irais pas jusqu'à dire alléchante, mais qui ne manque pas de piment et d'originalité.EndFragment

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On Creuse Un Peu ...


On entre dans l'intrigue avec délectation, pas de lourdeur avec des descriptions sans fin, Richaud pose le décor sans fioritures inutiles et excessives. Rares sont les œuvres où il ne faut pas moins de trois chapitres pour être enfin en osmose avec l'histoire, et y être scellé.

Frédéric est un fantasque, il joue des mots avec fluidité et simplicité, être compris est déjà le premier devoir d'un auteur vis à vis de son lecteur, mais en y regardant à deux fois et en étudiant la syntaxe avec minutie, on aperçoit une structure, un entremêlement sans pareil, plus subtils et raffinés qu'il n'y paraît au premier abord. En conteur qui se respecte, il tente de faire sonner son récit de manière acidulée et cotonneuse. Une légèreté pas si anodine que cela, nous percevons derrière tout le burlesque suintant de la plume de Richaud, que s'écoule une gravité et une noirceur sans pareille, une dénonciation générale de la condition humaine, des mœurs nobiliaires toujours donnée avec les commissures des lèvres retroussées. Après tout n'est ce pas là le rôle d'une fable, de crier tout haut les aberrations d'une époque à travers quelques mises en scènes bien souvent animalières ? En quoi une civilisations s'arroge-t-elle le droit d'établir les règles de construction de l'humanité ? Richaud à travers ce thème de l'esclavagisme, n'opère point tant à une dénonciation du phénomène en tant que tel, mais plutôt l'utilise pour servir les desseins d'une dérision de cet amas de gens bien nés s'appropriant les règles et critères de hiérarchisation, de classification même de la race humaine.



« Sans Foi, Ni Loi, Ni Roi » Certes on sent une grande amertume, mais le comique n'en est que plus relevé, la dérision devrais je même souligner. Nous pourrions même nous tourmenter dès le début de l'ouvrage avec une question centrale, La Ménagerie est-elle bien celle que l'on croit ou que l'on doit, n'en cache-t-elle pas une plus sauvage qu'elle n'y paraît ? A travers le personnage du Duc de Dunan, et de tant d'autres, Frédéric place d'ores et déjà les plus beaux clichés de cette ère faste et « ensoleillée ». En passant par cette burlesque et quasi canine adulation pour Sa Majesté, homme prêt à se contorsionner dans les plus humiliantes courbettes, à se vautrer dans les plus sales bourbiers pour s'attirer les bonnes grâces, le spectacle rectal, du Roi Soleil. Une espèce d'adoration sirupeuse qui tranche parfaitement avec un marquis composant charnellement avec ces dames comme d'un brigand du tiroir caisse (un Arsène Lupin autrement dit). On passe d'un portrait d'homme lourd et inintéressant, à un véritable Don Juan à la filouterie frôlant l'intelligence suprême. Il nous sert une vision des femmes plus que pragmatique et matérialiste. En bref, la Ménagerie de Versailles est un moment délectable ...


Périple aux avant-goûts désastreux et prévisibles dans la finalité non dans le déroulement ce qui est fort agréable. En effet, le but de l'aventure semble être incontournable, mais l'on jouit d'être traversé par quelques péripéties inédites et surprenantes.

StartFragmentNote: 3.5/5 EndFragment

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