BON RETABLISSEMENT, par Marie-Sabine Roger
Aujourd’hui, cap sur une auteure dont les œuvres littéraires m’étaient jusqu’alors demeurées des contrées inconnues, j’ai nommé Marie-Sabine Roger et notamment sur Bon Rétablissement, l’un de ses romans les plus plébiscités par la critique. Avec cet ouvrage, je me suis confrontée à nouveau au problème plus qu’épineux de la justesse de l’adaptation cinématographique et celui, autrement plus déstabilisant et délicat (car délivrant un panorama tronqué), du visionnage de cette dernière avant la lecture même du livre.
C’est donc avec de vagues souvenirs d’un Gérard Lanvin, pas au meilleur de sa forme tout comme le personnage incarné, dont le jeu d’acteur ne m’avait pas laissé quelque trace impérissable, que je me lançais dans cette aventure bouquinesque (encouragée de près par MAXINE qui en avait déjà fait une très belle critique) – autant dire sans grande conviction ou du moins grandes attentes et, toujours, avec cette grille de lecture cinématographique qui me collait au train sans parvenir à m’en émanciper complètement (Plus jamais tomber dans ce grossier écueil !).
« Depuis que je suis là, le monde entier me souhaite bon rétablissement, par téléphone, mail, courrier, personnes interposées. Par pigeons voyageurs, ça ne saurait tarder. Bon rétablissement. Quelle formule à la con ! »
« Veuf, sans enfants ni chien », Jean-Pierre est un vieil ours bourru et solitaire, à la retraite depuis sept ans. Suite à un accident bien étrange, le voilà immobilisé pendant des semaines à l'hôpital. Il ne pouvait pas imaginer pire. Et pourtant, depuis son lit, il va faire des rencontres inattendues qui bousculeront son égoïsme...
Plus que les encouragements de quelques camarades et le constat d’un succès quasi retentissant, c’est davantage l’humour décapant et incisif de Marie-Sabine Roger qui m’a bien des fois rattrapé au vol et poussé à persister sans me laisser gagner par la lassitude. Parce qu’il faut reconnaitre, tout de même, que l’histoire de ce jeune vieillard aigri et bourru, en convalescence suite à quelque mystérieux accident, privé de sa liberté de mouvement, résigné à subir les assauts répétés de l’équipe médicale (parfois sans gêne et peu affable) ainsi que de certains patients envahissants, cloitré entre les quatre murs aseptisés et immaculés de sa chambre d’hôpital peut vite se révéler un huit clos étouffant.
Si je ne suis pas devenue pour autant neurasthénique au fil des pages, l’impression de faire du surplace, de tourner en rond, m’a traversée à plusieurs reprises. L’auteure, et il faut y souligner là une certaine intelligence, tempère ce climat pesant en nous ramenant, à intervalles réguliers, à la vie (tout comme son incarcéré estropié). Tantôt en tirant de son chapeau une anecdote de la vie de son héros (à l’époque, haut en couleurs), tantôt en nous permettant quelque excursion dans la vie d’autrui, de celles des visiteurs, pour le moins atypiques qui, par quelque ironie du sort, finissent par mêler leur destin à celui du vieux JP – à la manière de petites lucarnes parsemées nous permettant de reprendre notre respiration.
A mesure que la fin se dessinait, je dois reconnaitre que mon intérêt est allé grandissant et mon attachement pour le héros presque assuré, mais je pense que cette lecture est restée un tantinet biaisée par le visionnage du film qui ne m’a pas permis de me saisir complètement de la beauté que le livre renferme.
Note : 3/5