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CROC-BLANC, par Jack London

  • RAPHIKI
  • 26 sept. 2017
  • 3 min de lecture

Je profite de cette pause estivale pour rattraper mon retard question patrimoine littéraire et m'attaquer aux oeuvres « classiques » du genre. Si Kazan et autres canidés ont croisé la route de la petite lectrice en herbe que je commençais à devenir, force est de constater que l'oeuvre de London était bel et bien passée à la trappe ! Alors me voilà décidée à lâcher mon dernier polar et me plonger dans ce que l'on se plait à qualifier de littérature jeunesse.


Croc Blanc est né dans une meute vivant dans le grand nord, son père était un loup et sa mère mi-chien, mi-loup. Il est capturé par des indiens et il grandit sous la protection de son maître, Castor gris, qui lui enseigne la soumission. Croc blanc y apprend également la dure vie de chien de traîneau. Mais son destin bascule lorsque Castor Gris le vend à Beauty Smith, un maître violent qui veut gagner de l'argent en le faisant participer à des combats de chiens. Avec ce nouveau maître, Croc Blanc devient une bête sauvage. Heureusement, au cours d'un combat qui allait lui être fatal, il est racheté par Weadon Scott, son dernier maître, dont la patience lui permettra d'apprendre l'amitié avec les hommes.

La première chose que je souligne tient à la fluidité et à la qualité de l'écriture de l'auteur de cet ouvrage vieux de près d'un siècle déjà. On plonge aisément dès les premières lignes dans cette fresque d'étendues sauvages et glaciales qui se dessine progressivement. le ton est rapidement donné, le lecteur encore novice et mal avisé est confronté d'emblée au Wild sauvage – une entité dévastatrice et inébranlable du grand Nord à l'origine et à la fin de tout ce qui est.

Une Vie de Servitude


Au cœur de cette immensité et des dizaines d'organisations qui l'habitent, se trouve Croc-Blanc, un louveteau débordant de vitalité et de curiosité. Un petit être bien vite captif des tourments du Wild tout puissant, seul maître à bord et de son concurrent parasite, l'Homme. Deux bourreaux qui vont faire de lui un être pétri d'orgueil et d'impunité, un stratège prêt aux pires manœuvres, épris d'une soif de vengeance qui ne connaît comme seule limite qu'un asservissement grotesque. Trimballé tel un rejeton au triste sort de foyers en foyers, Croc Blanc enchainera les tortionnaires au fil des pages, rivalisant de jeux cruels ; déchainera violence exhibitionniste et passion sinistre face à la force de la nature qu'il aura été contraint de devenir.

L'homme est un loup pour l'homme (et inversement) La première partie du roman se résume en une succession de rixes et massacres de congénères, de rejet et d'exclusions. Transparait ici certaines réalités sociales, je fais référence au regard porté par ce loup sur ses « maîtres » et la classification qu'il en fait, mais surtout à cette petite musique en sourdine terrifiante : Se soumettre au plus fort et opprimer le faible. Croc-Blanc ne vaut pas toujours mieux que ses oppresseurs bipèdes et se soumet volontiers à cette loi peu reluisante. Je me suis davantage impliquée à compter de la seconde partie car jusque-là, les rares moments d'empathie sont vite balayés par cette cascade de combats et d'acharnement. Si Croc-Blanc semble cependant s'entêter dans cette fidélité qui tutoie presque la ferveur à l'égard de l'Homme, cela ne tient qu'au problème de la domestication (bien plus brutale que l'apprivoisement car faite sous la contrainte) et ne laisse pour autant pas de place à la construction de quelques liens fraternels ou affectifs. le louveteau semble guider par le sentiment « d'appartenir » qui n'a de cesse au gré des mauvais traitements d'exacerber le mal qui ronge notre héros et gonfler son orgueil – comme si la haine du monde s'était épanchée sur lui.

La seconde partie m'a pour ainsi dire prise en otage et embarquée de force dans ce tourbillon mortifère (on repassera pour la qualification jeunesse). Lorsque l'on pense avoir passé les portes de l'ignominie, un autre pallier/niveau se débloque jusqu'à ce qu'au bout du chemin peut-être, la rédemption se dessine enfin… La notion de pouvoir, souvent au prix de la liberté, dans cette œuvre me semble clairement centrale. Côté style, London n'y va pas de main morte sur les descriptions et n'épargne pas le lectorat de la bestialité des combats et de cette « apogée » de la violence humaine. On finit par ne plus espérer, on assiste impuissant, simplement. Une écriture objective – quasi contemplative – et toujours très active, délivrée de toute considération morale ou jugements. Un livre que je ne regrette pas d'avoir rattrapé au vol !



Note : 4/5


 
 
 

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