AVANT D'ALLER DORMIR, par S.J. Watson
- RAPHIKI
- 4 nov. 2017
- 2 min de lecture
En voilà un qui traînait depuis quelques mois sur mes étagères et qui faisait déjà beaucoup parler de lui, je me devais donc de vérifier si le contenu était à la hauteur de ce que l'on prétend. Si le genre auquel il se rapporte, thriller psychologique, est plutôt très attrayant, le défi que l'auteur se lance en y mêlant le difficile sujet de l'amnésie est assez osé – le suspense et le rythme étant les enjeux cruciaux à maintenir.
Chaque matin, c'est le même effroi. La même surprise. En se découvrant dans la glace, Christine a vieilli de vingt ans. Elle ne connaît ni cette maison, ni l'homme qui partage son lit. Et chaque matin, Ben lui raconte. L'accident. L'amnésie... Ensuite, Christine lit son journal, son seul secret. Et découvre les incohérences, les questions, tout ce qu'on lui cache chaque matin, posément. Peut-être pour son bien... Peut-être pas.

L'héroïne, Christine, a été frappée – il y a une vingtaine d'années – d'une forme particulière d'amnésie suite à un étrange incident sur lequel elle tentera tout au long du livre de lever le voile. Le problème amnésique va se révéler fort déroutant au quotidien, dans ces étapes qui nous paraissent si anodines, cette proximité que nous entretenons naturellement avec chacun des membres de notre famille et qui, dans son cas, vont se transformer en petites agressions distillées au compte-gouttes, une violation de son intimité tout juste retrouvée. Tous les matins, c'est le même scénario catastrophe, Christine se réveille dans le lit d'un inconnu, son époux, elle ne peut prendre la mesure du temps qui s'écoule et l'insulte outrageusement dans la glace.
L'intrigue se profile, en début de lecture, dans une atmosphère hostile et inquiétante, décor dans lequel notre héroïne tâtonne à l'aveugle et se heurte dans les recoins désordonnés de son passé. L'auteur joue habilement des codes en nous proposant un déroulement du récit façon entonnoir (commencement par la fin), avec un premier chapitre qui n'est autre qu'un entretien de Christine avec le spécialiste qui la suit, au sujet de la remise d'un journal (carnet de bord) que ce dernier l'a invité à tenir et qui contient la clé de son mal. Chacune des bribes consignées sont pareilles à un indice précieux qu'elle augmentera chaque jour et que l'on surveillera scrupuleusement, l'aveu d'un mari qui se conforte et semble se rassurer dans une étrange résignation et déformation de la vérité, des faits passés sous silence, lui ôtant tout espoir de guérison. Toute la vie de Christine paraît aseptisée. Si l'idée était plutôt attrayante et l'exercice difficile, on déplorera tout de même, à défaut de répétitions, d'importantes longueurs, un suspense qui se traine et s'effiloche de pages en pages pour nous servir à la toute fin un dénouement dont l'intensité n'est malheureusement pas à la hauteur de notre attente. Une sensation accentuée par l'enchaînement de conclusions plutôt prévisibles. Je regrette que la délicate frontière entre la machination et la paranoïa ne soit peut-être pas été suffisamment exploitée.
Note : 3/5
Comentarios