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ZYKË L'AVENTURE, par Thierry Poncet


Il y a quelques semaines, les éditions Taurnada m'ont fait le plaisir de me communiquer le dernier livre de Thierry Poncet consacré à un auteur cher à mes souvenirs d'adolescente en mal d'écritures brutes et subversives, Cizia Zykë, découvert à la lumière de Noir Prophète.


Au fond d'un PMU de la rue du Faubourg-Saint-Martin, je tends le texte d'une de mes nouvelles à l'aventurier de la mine d'or. Il lit les premières lignes et déclare : « C'est toi » comme il cracherait deux écorces de graines de tournesol. Il aurait pu dire : « Je viens de décider de t'emmener avec moi, aussi ton destin va-t-il basculer dans les minutes qui suivent, tu vas connaître le monde entier, les grandes ivresses, le sexe, l'amour et le danger, et tu vas devenir écrivain d'une manière que tu n'aurais jamais imaginé. » Mais non. Juste : « C'est toi. »



Thierry Poncet annonce la couleur dès les premières pages, et déloge le lecteur qui n'a pas le temps de s'avachir en le jetant à corps perdu à ses côtés dans un périple tumultueux et littéralement extraordinaire, au rythme des délires, caprices parfois tyranniques et élans de Monsieur Zykë.


Le roman nous relate l'histoire d'une incroyable rencontre aux circonstances improbables à l'issue de laquelle Thierry Poncet se voit confier le rôle de secrétaire, l'histoire d'une proposition aux allures de promesse « d'impossibles » s'affranchissant de toutes les idées reçues sur le monde souvent fantasmé de l'écriture. La progression de l'intrigue se fait dans une ambiance moite et vaporeuse, presque oppressante, dominée par ce « monstre » de vie, ogre épicurien qu'est Zykë, un écrivain atypique qui bat le pavé et les chemins impraticables en écumant les lieux peuplés de marginaux, et ne s'embarrassant pas du costume léché de l'auteur bohème et formules alambiquées. Une version savoureuse et amer béton d'Indiana Jones d'une chance insolente, la morale en bandoulière et le plaisir en ligne de mire (drogue, prostitution, jeux, contrebande…).


On suit l'épopée le cœur tressautant et s'emballant à chaque nouvelle étape, au gré des traquenards, des expéditions en tout genre, de la côte andalouse jusqu'aux Pays-bas, en passant par le désert majestueux du Sahara, Bali... On se laisse émouvoir par cet étrange duo, sous la plume poétique, le verbe râpeux et presque irrévérencieux de Poncet (qui m'a souvent rappelé celui de Gilbert Montassier), qui scelle leur nouvelle fraternité à l'occasion de leurs virées dans les bordels en mêlant leur foutre à la manière de jeunes frères de route mêlant leur sang. On sue en même temps que l'auteur dont les « méninges sanguinolent » et que Zykë ne ménage pas.


Un roman bouleversant et parfois dérangeant, à l'écriture exaltée, qui ne pourra pas vous laisser de glace. Un auteur à suivre, chapeau bas Monsieur Poncet ! Et un grand merci à l'éditeur.



Note : 4/5


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