IKIRO, par Benoît-Marie LECOIN
Voici une lecture dans laquelle il me tardait particulièrement de plonger, la maison d'édition m'ayant laissé un merveilleux souvenir avec Un Funambule sur le Sable de Gilles Marchand. Et que dire de l'illustration, virginale et délicate !
Hélas, je n'ai pas dû embarquer à bord du bon wagon, Ikiro n'a pas su rassasier, ne serait-ce qu'émoustiller mon appétit gargantuesque pour l'onirisme, le fantasque et la belle prose. Je sors de ma lecture le coeur à plat et l'esprit tout embrouillé, je suis presque interdite. Comment l'auteur, avec toute la richesse lexicale dont il peut faire preuve, surtout dans la deuxième partie, et la palette créative qu'il tente de dérouler à nos pieds, n'est-il pas parvenu à faire mouche ?
Il donne l'impression de s'être éloigné du sujet de base, de ses intentions premières, pour peu que ces dernières aient été claires pour lui dès les premiers travaux d'écriture. La première partie du récit souffre d'une concordance des temps malmenée qui à la fâcheuse tendance à nous stopper sans cesse dans notre progression et discréditer l'intrigue. le présent tire la bourre à l'imparfait dans une course chaotique et désordonnée. L'histoire ne décolle pas, elle est statique sans pour autant être contemplative, on a le sentiment d'enfoncer des portes ouvertes donnant vue sur un simulacre de poésie. Dans ces conditions, difficile de s'attacher ni même de s'intéresser au héros Ikiro, un jeune homme dont la caractéristique majeure est celle d'avoir succomber aux charmes de la belle Midori, ni plus ni moins.
Malgré cela, je n'ai rien lâché, bien déterminée à entamer la seconde partie, point de bascule pour une virée dans des méandres plus fantaisistes et à me délecter de son miel d'absurdités poétiques. Là encore, chou blanc ! Ô rage, ô désespoir ! le lecteur se trouve parachuté dans un ballet de projections incessant dont la beauté et l'originalité se font trop vite détrôner à chaque fois par un enchainement trop hâtif et sans liaison aucune. J'ai tellement haï Ikiro et la pesanteur de son ambition amoureuse de ne pas me laisser le temps de me glisser dans ces tableaux merveilleux, de m'en bloquer toutes les voies, de me priver du plaisir de converser avec les êtres qui les peuplaient, ô combien plus captivants !
Loin de moi l'idée de dénigrer l'auteur et les efforts sans doute importants qu'il aura mis en oeuvre, mais je suis tellement frustrée d'assister à ce sabotage : tous les ingrédients étaient pourtant réunis mais ce matraquage d'informations ne m'a pas paru servir et nourrir l'intrigue, simplement me transbahuter en tous sens. Cela manquait d'âme, de vie, de vérité.
Je tenais à remercier sincèrement les Editions Aux Forges de Vulcain et NetGalley pour cette opportunité, regrette qu'elle n'ait pas été transformée et espère que le livre trouvera son public.
Note :2/5
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