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LES FANTÔMES DU LAC, par Manon GAUTHIER-FAURE

Une rencontre du troisième type.


La littérature non fictionnelle, moins mon délire.

Les journaux télévisés qui lobotomisent et nous saturent le cerveau d'excréments médiatiques, je suis en croisade depuis des années et les tiens bien loin de mon giron familial.

Le surnaturel, volontaire mais trop pétocharde !


Alors comment l'oeuvre de Manon Gauthier-Faure est-elle parvenue à exercer cette attractivité toute particulière sur moi ? Est-ce que cela tient à la couverture qui, bien qu'assez épurée, dégage une certaine beauté primaire et lumineuse ? Ou encore à ce voile de mysticisme dont est enveloppé l'affaire ? Peu importe, me voilà embarquée dans les eaux troubles et indociles de la Marne, aux côtés d'une Manon des Sources (il fallait bien que quelqu'un la fasse) pour une enquête prolongée au confluent de notre réalité et du paranormal, flirtant avec les nerfs de toute une communauté amnésique et retranchée.





Rarement un fait divers ne m'a paru si attrayant que sous la plume de cette journaliste qui nous ballote par son flot poétique au coeur de ce drame épouvantable, la noyade, il a près d'un demi-siècle, de deux fillettes, retrouvées, dit-on, main dans la main, unies dans ce dernier voyage, en s'employant à détricoter leur histoire et par la même occasion, au fil des rencontres, celle de tout un village, témoin mutique de cette tragédie et depuis quelques années, « victime » d'apparitions fantomatiques.


Le paranormal fascine et plus encore, la concordance des récits qui s'accumulent et qui étouffe progressivement votre scepticisme de départ, farouchement ancré à vos bottes, en vous exposant à des réflexions aussi exaltantes que vertigineuses. Et si ? Je me suis surprise, à maintes reprises au cours de ma brève lecture, à risquer un oeil au-dessus de ma tablette, tentant de surprendre un craquement inhabituel, le mouvement subtil d'une ombre tapie, comme si un portail allait se matérialiser là sous mes yeux ou que je développais, à mesure que j'avalais les chapitres, un don de médiumnité.


Avec ce récit, Manon Gauthier-Faure, interroge non seulement d'autres voies, mais également la tradition orale, voire le délire collectif, comment d'un simple « commérage », une légende peut s'enraciner. L'insignifiant devient anecdotique, le vide est nourri par un verbe léché donnant du relief à ces platitudes de l'existence. Loin d'être une caricature ou une posture, le style de l'auteure est riche et généreux, là où d'autres « s'écoutent » raconter. Elle transforme le pas grand-chose en construisant un récit qui tient en haleine, les deux pieds embourbés dans une vase marécageuse, s'infiltrant dans nos pores telle l'humidité automnale dont on a du mal à se défaire.


Un grand merci aux Editions Marchialy et à NetGalley pour cette virée originale.



Note :3,5/5

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