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NOUS REVIONS JUSTE DE LIBERTE, par Henri LOEVENBRUCK

Quatre mois déjà et mes mots qui ne sont toujours pas remontés à la surface.

Quatre mois que je traîne mon cœur ankylosé et que je tente de rassembler mes émotions éparpillées, pulvérisées.

Coup dur…


Est-ce trop tôt pour vous parler de ce roman ? Je crois que je ne serais définitivement jamais ponctuelle au rendez-vous mais je ne peux me résoudre à faire l'impasse.


A l'heure où j'écris, presque larmoyante et pitoyable comme une midinette en miettes plantée par son amour de jeunesse, j'ai la désagréable sensation que Bohem m'échappe déjà; qu'il a filé trop vite sur l'autoroute de sa liberté en me laissant impuissante sur le bas côté crasseux d'un bled paumé.


Bohem, c'est un peu l'aigle royal atrophié qui n'a fait que frôler du bout de sa bécane sa destinée. L'histoire d'une cigogne qui aurait largué en plein vol sa livraison joufflue sur le mauvais perron du mauvais pavillon pour une simple envie de pisser.





Un roman instinctif et initiatique avec pour étape de départ, Providence, une bourgade sordide, autrefois prospère et attractive, peu à peu laissée à l'abandon, à l'instar de nos héros. Une histoire de bandes, toujours, de vagabonds complètement déchirés au premier comme au second degré. Une horde excentrique que l'avenir a oublié et que le présent va ravager.


Il y a Hugo (alias Bohem) et sa roulotte, insaisissable, Oscar (alias le Chinois), sauvage et excessif, Alex, l'intello de la fratrie,le petit roquet ambitieux et surtout Freddy, le rital, la Terreur de Providence, le frérot, la déchirure.


Quatre parias, quatre mômes incandescents, quatre âmes esseulées à tout jamais mais qui vont ensemble brûler leurs vies par les deux bouts, chercher à remplir ce vide abyssal qui les grignote taffe après taffe.


Quatre destins extraordinaires qui emmèneront, pied au plancher, le lecteur à la découverte d'une société marginale, de portraits fascinants, d'un monde gangrené par la violence où la liberté et la confiance se monnayent durement, celui des gangs de bikers.


Un road movie décoiffant dont on ne ressort pas indemne et qui couve sous une fine couche de cambouis une histoire fraternelle d'une rare beauté. En lisant, j'ai ri, retenu mon souffle, ai jalousé, eu envie de hurler, me suis désertée puis l'ai refermé, la poitrine serrée, avec cette impression coupable d'abandonner Bohem et ses rêves pas trop conventionnels, Hugo, le Prince de l'asphalte dont on oublie qu'il n'est encore qu'un gosse.



Note : 5/5

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